CareerEmployeesFrançais

Les 5 raisons pourquoi l’intervieweur n’a pas rappelé

Travailler en recrutement m’a appris beaucoup de choses que j’aurais voulu savoir quand j’étais moi-même actif sur le marché du travail. Avant d’être recruteur pour Proforce Personnel, je suis allé à plusieurs entrevues, que ce soit pour des agences de recrutement, des PMEs ou même de grandes entreprises. La plupart de mes entrevues se sont super bien passées, évidemment, car je suis une personne extraordinaire. Je rigole, mais, sérieusement, je crois avoir eu plus d’une vingtaine d’entrevues avant de dénicher le travail de mes rêves. 

Si aujourd’hui je dirige les entrevues, je me souviens bien de mon expérience de l’autre côté du bureau. Je me souviens de la déception et surtout de la confusion ressentie quand des compagnies que j’avais rencontrées, et avais qui ça avait pourtant cliqué, ne me redonnaient aucune nouvelle après l’entrevue. D’abord, je ne comprenais pas pourquoi je n’avais pas eu le poste, mais j’étais aussi juste confus par ce ghosting et aurais bien voulu savoir ce que j’avais fait pour rebuter l’employeur…

Je suis donc très conscient que le processus d’embauche peut être long et sinueux pour les candidats. Après avoir vu l’envers du décor du recrutement, j’ai été soulagé de constater qu’il y a de multiples, je répète, multiples, raisons expliquant ce phénomène.

 

Je vous partage ici mon top 5* des plus fréquentes raisons pourquoi vous n’avez aucune nouvelle après une entrevue ayant bien été.

* Remarquez comme aucune d’entre elles ne concerne les qualifications du candidat interviewé ou sa performance…

 

1. L’embauche pour ce poste est annulée/en attente/repoussée.

Certaines fois il se peut que la position soit mise ”on hold”, pour différentes raisons. Parfois l’embauche est simplement annulée par manque de budget ou encore le poste est simplement aboli. Le pire dans cette situation, est de voir que le poste est encore affiché après notre entrevue, mais ne pas avoir de retour et s’imaginer qu’on n’a pas été apprécié, alors que c’est toute autre chose. En tant que candidat, on se remet immédiatement en doute, alors que tellement de détails organisationnels peuvent avoir un impact sur l’embauche!

 

2. Vous n’avez pas de feedback, car nous n’en avons pas non plus!

Dans un contexte “agence de recrutement/client”, et même “département ressource humaine/gestionnaire”, une communication active et transparente est idéale, mais pas garantie. Parfois, les clients/patrons ne nous reviennent qu’avec très peu de détails expliquant leur décision. Ça rend le suivi avec les candidats très difficile, voire impossible.

 

3. Le poste était presque déjà pourvu à l’interne et les entrevues externes servaient à comparer.

Dans plusieurs milieux qui ont une forte bureaucratie, tenir des entrevues externes est pratique courante ou est même obligatoire lorsqu’on ouvre un poste, même si on a déjà quelqu’un de l’interne en tête. J’ai même entendu parler de compagnies qui passent des candidats en entrevues pour récolter de nouvelles idées de perspectives différentes, sans avoir l’intention d’engager!

Encore une fois, cette situation plonge les candidats dans le doute d’eux-mêmes, alors qu’ils n’y sont pour rien. La vérité c’est que, même si une compagnie considère quelqu’un à l’interne, c’est toujours bien de rester ouvert aux nouveaux talents et de se remettre en question. Mais à potentiel égal, les compagnies optent souvent pour un candidat interne, car c’est moins risqué et moins cher, en plus d’encourager leur culture organisationnelle.

 

4. Les candidats sont trop nombreux et le recruteur n’a pas le temps de tous les recontacter.

“Même s’il n’y a pas de commentaire constructif à faire, la moindre des choses est de notifier le candidat de ce qu’il en est!” Oui. Absolument. Mais dans la réalité du quotidien, les candidats sont souvent nombreux pour un même poste et le temps de recontacter tout le monde manque. Ce contexte s’accompagne généralement d’une absence d’information pertinente à donner en feedback, en plus. Il faut comprendre que la plupart des recruteurs travaillent sur plusieurs postes en même temps et rencontrent plusieurs candidats chaque jour, sans oublier les fameuses autres tâches connexes.

Il faut également comprendre que, en tant que candidat, vous n’êtes pas le client dans l’équation. La compagnie paie le recruteur pour trouver un employé, le patron paie le coordonnateur RH pour trouver un employé, mais le candidat ne paie ni le recruteur ni le coordonnateur pour lui trouver un emploi. Ça peut placer l’intervieweur dans un conflit d’horaire, et les priorités du “client” prendront le dessus sur le reste, malheureusement, au détriment des candidats.

 

5. Vous êtes victime de discrimination.

Sans vouloir accuser qui que ce soit ou un domaine en particulier, il faut se sortir la tête du sable. Malgré toutes les mesures légales qui encadrent la question de la discrimination à l’embauche, elle reste bien présente de façon informelle (ou pas!) dans plusieurs milieux de travail. Et la discrimination dont les recruteurs peuvent être témoins peut être basée sur des caractéristiques beaucoup plus subtiles que l’ethnicité.

En tant que professionnel des ressources humaines, c’est très difficile à gérer. C’est notre devoir professionnel de mettre en garde le gestionnaire de ses pratiques questionnables, mais ce n’est pas toujours évident à cause de l’ambiguïté des situations. Certaines fois les commentaires peuvent être carrément déplacés et personnels, ce qui met le recruteur dans une situation encore plus délicate lorsque le candidat demande des explications sur son rejet.

 

Et maintenant…

J’espère que ces “révélations behind-the-scenes” vous ont éclairé. Si j’en ai nommé 5 ici, sachez qu’il y en a tellement plus! J’espère que vous ne vous mettrez pas systématiquement en doute la prochaine fois que vous n’avez pas de nouvelles après une entrevue.

Je me rends compte aussi que plusieurs candidats ont la critique facile envers un recruteur/responsable des ressources humaines. N’oubliez pas que la personne qui est devant vous est humaine aussi et qu’elle essaie de faire son travail. Le respect et la communication ne devraient jamais être unidimensionnels.

Share: